Nuit d'automne. La saison de la mélancolie, et de la mort. Comme le disait Chateaubriand, les feuilles tombent comme nos années, les fleurs se fânent comme nos heures, les lacs se glacent comme nos vies..
Je ressère mon écharpe en soie blanche autour de mon cou, en sachant qu'il est déjà trop tard: je me sens la gorge rèche et prise, j'ai le nez gelé, ce soir je devrais respirer par la bouche...
Je regarde ma montre: 10h17. Il me reste encore un quart d'heure à pieds avant d'enfin apercevoir de loin la petite maison carrée de ma tante.
Je jete un regard fatigué sur l'étendu du chemin devant moi. La nuit est bien vite tombée, la ruelle est presque plongée dans l'obscurité, on voit au loin, un lampadaire solitaire qui lance une faible lumière jaunâtre.
J'accélère brusquement ma marche, en butant au passage sur une pierre.
Cette soudaine pénombre me rends anxieuse et mon ouïe se fait plus fine. Tout les bruits m'environnent. Toujours plus présents, plus pressants. Un démon, comme ceux dont me parlait ma grand mère en martinique, ses pupilles d'or me fixant malicieusement à mon inssue, et ses pattes de bouc clapotant doucement dansla boue, se cache dans l'obscurité d'un mur de tuyas. Un autre me suit aussi discrètement qu' un chat. Je me retourne malgrè moi, mais le vide total du paysage déjà parcourut ne me rassure pas du tout et j'accélère encore le pas.
J'entendis soudain un bruit (qui lui, ne sortait vraiment pas de mon imagination) juste derrrière moi. Je scruptai l'endroit d'où il était venu, la poitrine battant comme un tambour, et ne voyais toujours rien, mais me retournant, mon coeur qui me rompait les côtes, manqua là un battement: un gros chat noir était à présent au plein millieu du chemin et me fixait!
Un chat trop grand, au regard trop intelligent pour ne pas me faire blémir comme un cadavre. Avant que j'ai pu sortir de ma paralysie il avait déjà disparut vers les champs qui bordaient le côté gauche de la ruelle.
Cette arrivée, trop soudaine, trop anormale, et ce départ d'un des plus célèbre symbole du diable et de la malchance, m'avait glacé le sang, et emflamés les muscles! Je courrais comme une furie tout le long du chemin, buttant à plusieurs reprises sur des cailloux pointus, et faillissant même tomber, sans reprendre mon souffle agonisant, jusqu'à ce que je rejoignit enfin une route éclairée, où des voitures passaient.
Exténuée, et pas habituée à de tels éfforts, je me remit à marcher en me tenant la poitrine.
Térrorisée, j'essayait d'analyser ce qui venait de se passer. A mesure que j'avançais, et m'éloignait de l'horrible chemin, ma peur diminuait, et je commençait à douter de ce qui s'était vraiment passait.
Le calme m'envahissait enfin. Je me sentait à présent en sécurité, et la perspective de mon arrivée chez ma tante dans à peine 5 minute finit de m'apaiser. je commençais même à me trouver imbécile et rougir en moi même de mon attitude qui n'était pas digne de celle d'une jeune femme de 19 ans. "Idiote, pensais-je, c'était bien la peine de courrir jusqu'à attraper une bonne grippe, pour un chaton perdu et un bruit bizarre."
Aucun malheur ne m'était finalement arrivé, si ce n'était quelques ampoules aux pieds!
J'arrivais enfin chez ma tante, définitivement persuadée de mon imbécilité, et pensant déjà comme j'allais lui raconter en riant mon aventure! Ah tante Fanny!..
Mais entrée dans le petit hall, personne ne répondit à mon appel joyeux.
Il régnait un silence inhabituel. Je marchais, intriguée, jusqu'au salon, et aux pieds des escaliers, ma tante allongée sur le dos, les yeux morts: arrêt cardiaque.