Voici une de mes anciennes nouvelles, retrouvées par hasard, auf il des cartons (et oui, c'est pas fini, le déménagement ^^)
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Ca y est. Je suis enfin mère. Le plus étonnant, c’est que l’enfant que je porte n’a pas de père. Ou plutôt si. Mais il l’a renié. C’est MON enfant, MON fils. Car ce sera un fils. Je vois mon ventre grossir de jours en jours, j’ai la pleine conscience d’être à la fois un et deux, et de n’être ni moi-même, ni une autre.
Cet enfant qui grandit dans mon ventre, je l’entends, je le sens… Je lui parle, aussi, et parfois il me répond. Je lui ai demandé si il voulait choisir son prénom. Il m’a dit qu’il me dirait son préféré le jour de la naissance, et qu’il ne répondrait aucun autre. J’ai longtemps essayé de le deviner, ce prénom… En jouant avec lui, lui posant des pièges, le taquinant… Mais ce qui était bizarre, c’est que malgré tout ce que j’ai pu faire, je n’ai jamais réussi à le lui faire dire. Il est déjà conscient.
Mon ventre est énorme, maintenant. J’ai renoncé à essayer de deviner le prénom de mon enfant. Je veux au moins une surprise. Je sais, je sens que c’est un garçon : pourtant je n’ai pas fait d’examens médicaux, c’est bizarre, d’ailleurs… Mais qu’importe. Je suis presque maman.
Et le jour de la délivrance est venu. Ce jour, qui devait être le plus grand, le plus beau de toute ma vie. Mais il a tourné au cauchemar. J’étais, ou plutôt je pensais être seule dans le salon, lorsqu’“il” a voulu sortir. Je n’ai pas eu la force d’aller jusqu’au téléphone. Je suis immédiatement tombée sur le sol. Et c’est alors que je me suis rendue compte qu’il y avait quelqu’un avec moi…
Maman.
MA Maman… Ma mère était avec moi. C’est elle qui a appelé l’ambulance. C’est elle qui m’a accompagnée jusqu’à l’hôpital. Elle m’a passé le flambeau. C’était moi, à présent, la maman…
L’enfant m’a fait souffrir plus que je ne l’imaginait. A chaque contraction, il me tuait un peu. Et je l’entendait dire : « Maman… J’ai mal… MAMAN !! »
Et alors, j’oubliais que j’avais mal. J’oubliais tout, pour le consoler. Puis il recommençait.
Et enfin, il est né. Je m’attendait à ce qu’on me le donne, je voulais qu’on me le donne… Non, au contraire, on l’a éloigné de moi… On me l’a ôté, mon bébé… Moi, j’étais trop faible. La seule chose que j’ai pu faire, c’était hurler son nom… Car maintenant, je le savais, son nom… Ces quelques lettres précieusement cachées, comme un trésor…
« GABRIEL !!! »
« GABRIEL !! »
Je l’ai hurlé, son nom… Toute la maternité s’est retournée pour me voir, moi, pauvre nouvelle mère, à qui on arrachait son enfant, hurler son désespoir. Les autres femmes se sont alors accrochées à leurs propres bébés, comme un naufragé à sa bouée de secours… Et c’est alors que la souffrance a recommencé.
Le médecin qui m’avait arraché mon fils était sorti de la salle. Je le voyais tendre Gabriel à un homme, un inconnu… Qui s’est détourné de moi.
Je me suis réveillée en sueur dans mon lit, pleurant, répétant sans cesse le prénom de l’enfant perdu…
« Gabriel…
Gabriel…
Gabriel… »
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Sujet: [Nouvelle] Maman 
