[Nouvelle] Catherine de Cerrefeuille

Catherine n’était qu’une simple paysanne, il y avait encore quelques jours. Le Duc de Cerrefeuille l’ayant remarqué, avait voulu l’épouser. Il l’avait fait donc mener à son manoir sans autre explication pour la jeune fille.

Aujourd’hui dans sa robe de mariée, elle se regardait dans la glace attendant que l’on vienne la mener à l’homme qui serait d’ici deux heures son époux devant le Roi. Ses longs cheveux roux avaient été tressés en une ravissante coiffure où se mêlait à ses mèches des fleurs de toutes les couleurs. Ses yeux scintillaient et leur couleur bleu avait été rehaussée par un délicat trait noir.

Lorsqu’elle était petite, elle avait toujours rêvé être aussi belle qu’en ce jour et qu’un prince viendrait et l’emmènerait avec lui pour qu’ils puissent s’aimer sans aucune limite. Ses yeux brillèrent un peu plus, son rêve sombrait à présent dans l’oubli… Elle était obligée d’épouser le Duc ou toute sa famille, elle y compris, serait pendu dès l’aube. Ainsi était les lois du pays, le Roi a droit sur tout vie, puis le noble dont le rang est le plus élevé et ainsi de suite. Ainsi si les nobles qui précèdent le Duc ne voient aucun mal à ce que le Duc désir, il en a parfaitement le droit, et si l’on désobéit à son désir, c’est la mort qui nous attend.

Pourtant le Duc aurait pu simplement la vouloir pour une nuit, elle n’aurait pu se refuser, mais non, il voulait plus. Chaque fois que son regard vicieux et sournois se posait sur elle, Catherine se sentait mal. Il n’était pourtant pas trop vilain, un nez aquilin, des yeux noisette, il était même plutôt agréable, mais le fait d’être forcé de l’épouser, la révoltait. De plus, elle avait entendu qu’il pouvait être violent et qu’il s’emportait assez facilement.

Deux femmes entrèrent dans la pièce, elle sursauta.
- Madame, vous êtes attendu. Annonça l’une d’elle.
Catherine se leva sans ajouter mot et suivit les deux femmes dans le long couloir qui devait la mener jusqu’à l’autel. A l’entrée, l’une des deux se retourna et mis en place le voile sur son visage.

Les portes s’ouvrirent, de chaque côté de l’allée centrale se trouvaient des personnes. Beaucoup à ses yeux, elle n’arrivait pas à les compter, et pourtant l’église était grande, tous les gens du village réunit ne suffiraient pas à la remplir.

Catherine inspira profondément, ferma un instant les yeux, et la musique démarra. Elle se mit à avancer sur le tapis. Elle voyait au bout de l’allée son futur époux, un large sourire aux lèvres, la regarder fixement avec envie. Elle finit malheureusement par arriver à sa hauteur, et elle entendit comme dans du brouillard le prêtre commencer la cérémonie. Vint le moment d’échanger les vœux, une brève pression sur sa main de la part de son futur époux le lui fit comprendre. « Je le veux » prononça-t’elle d’une petite voix quasiment inaudible. Le Duc fit de même, mais d’une voix beaucoup plus sûre et triomphante. Une bague vint se planter à son doigt, et le traditionnel baiser fut échangé.

Au bras du Duc, elle sortit de l’Eglise par la grande porte. Le Roi vint les féliciter, ainsi que d’autres nobles dont elle ignorait le nom. Elle enchaîna courbettes et remerciements, si bien qu’elle ne fut plus à même de savoir où elle était. Arriva l’instant tant redouté des salutations.

- Je vous remercie tous d’être venu à mon mariage. Comme vous pouvez le constater je n’ai pas perdu au change en épousant cette femme. Des sourires entendus se firent. Le Duc n’était en effet pas dans le besoin, et n’avait donc pas besoin de subir un mariage arrangé. Je vous salue donc bien bas, mon épouse me réclame.
Il l’entraîna et l’emmena jusqu’à sa chambre. Elle n’osait faire un mouvement de peur de précipiter les choses, seul sa respiration trahissait de son trouble. Un sourire satisfait sur les lèvres, il se mit à tourner autour d’elle, comme autour d’une proie.

Il se plaça derrière elle et déposa ses mains sur ses épaules, elle frémit et sa respiration devint plus faible. Elles décendirent jusqu’à sa poitrine, que sa respiration soulevait fébrilement. Catherine tenta de s’éloigner, mais le Duc resserra son étreinte, un rire s’échappant de ses lèvres.
- Tu ne fuiras pas petite renarde, tu es mon épouse, et ton devoir est de me satisfaire. Il huma sa chevelure. Tu sens si bon. Un baiser sur sa nuque ponctua sa phrase.
Catherine ferma les yeux, lorsqu’il commença à délacer son corset et embrasser ses seins. Le bas de son habit ne fut bientôt plus qu’un souvenir, le Duc la fit basculer sur le lit.
- A présent petite renarde, je veux que tu me fasses savoir que tu aimes ça. Et il la prit sans ménagement, plein de son désir personnel.

Lorsque tout fut fini, il somma Catherine de descendre du lit, lorsque ce fut fait, il prit les draps pleins de sang et les pendit à la fenêtre où une acclamation les accueillit. Puis il s’habilla et quitta la pièce. Elle tomba sur le sol et laissa ses larmes couler longuement, jusqu’à ce qu’une servante vint à ses côtés.
- Allons madame, il faut vous nettoyer et vous vêtir, vous aller attraper la mort.
Catherine se laissa laver et vêtir comme une enfant, sans aucune réaction de sa part.

Nuit après nuit, le Duc venait, prenait son plaisir et repartait. Nuit après nuit, la servante venait auprès d’elle et prenait soin d’elle. Un soir pourtant :
- Merci.

La servante sursauta.

- Madame ? demanda-t’elle incertaine.
- Merci de prendre soin de moi.
- Oh, ce n’est rien madame, c’est mon travail vous savez. Je suis là pour m’occuper de vous et accéder à tous vos désirs, dans la mesure où ils plaisent à Monsieur le Duc.
Catherine resta songeuse un instant.
- Combien de temps s’est-il écoulé depuis mon… mariage ?
- Deux mois Madame.
Elle se leva, et se vêtit avec l’aide de la servante.
- Quel est ton nom ?
- Lucie Madame.
- Et bien Lucie, quels sont mes droits, le sais-tu ?
La servante hésita, puis parla. Madame la Duchesse pouvait tout faire, lire, sortir dans le parc, avoir des animaux, tricoter, coudre, peu importait son occupation, du moment qu’elle restait fidèle au Duc et à son rang et que chaque soir, jusqu’à ce qu’elle soit grosse, elle donne au Duc ce qu’il désire.

Un mois plus tard, les premiers malaises se manifestèrent : Catherine était grosse. Elle mit au monde quelques mois plus tard un garçon qui se prénomma Henri. Puis quelques années plus tard, une petite fille du nom d’Eloïse. Son fils avait alors 7 ans.

Les années passèrent, le Duc venait toujours chaque soir dans le lit de son épouse et ne s’occupait aucunement d’elle dans la journée, ni le reste de la nuit. Eloïse et Henri grandirent, l’une ressemblant à sa mère avec laquelle elle restait, l’autre ressemblant à son père avec lequel il passait le plus clair de son temps. Catherine ne le connaissait presque pas, et s’il la croisait dans les couloirs, un regard méprisant allait à son encontre. Elle l’entendait parfois répéter ce que son père lui rabachait « une femme est un trophée, tu l’exhibes lors des grandes manifestations et tu t’en sert pour ton plaisir personnel ».

Catherine, un jour qu’elle se promenait dans le parc, rencontra un chevalier.
- Madame, je suis charmée de vous rencontrer. Sa déclaration fut suivit d’un délicat baise-main.
Ils se croisèrent chaque jour à la même heure et finirent par s’apprécier. Leur amitié s’accentua progressivement en un doux enclin l’un envers l’autre, de chastes baisers échangés. Puis un soir, après que le Duc s’en fut allé hors de la couche de la Duchesse et qu’elle se fut nettoyée, le chevalier vint la voir, la suppliant de lui accorder cette nuit, cette seule nuit. Catherine céda et aima son aman aussi profondément qu’elle le put.

Le lendemain matin, elle fut tiré de son lit par un Duc hors de lui.
- Vous avez osé… Vous avez osé me tromper avec… lui ! déclara-t-il en désignant au loin un corps qui se balançait au bout d’une corde. Vous avez causé sa mort, que cela soit votre conscience.
Catherine s’effondra sur le sol en pleure, soutenue par sa servante.

Deux mois plus tard, on vint la chercher et la conduire devant un tribunal ecclésiastique et leur chef que l’on prénommait Grand Inquisiteur.
L’homme, grand et maigre s’avança et énonça :
- Vous êtes accusée de sorcellerie. Avouez-vous ?

Catherine fut abasourdie, son seul crime était de ne pas croire en le Dieux des Chrétiens, et ce n’était même pas l’accusation qu’on lui faisait.

- Non, je ne suis pas une sorcière.
- Votre mari dit que vous avez ensorcelé son meilleur chevalier.
- Ce n’est pas vrai… C’était un amour doux et pur… La vengeance de son époux venait de sonner.
- Vous avouez donc cette aventure qui déshonore votre époux.
- Je n’ai pas choisi de l’épouser…
- Avouez-vous avoir ensorceler cet homme ?
- Non !
- Dites la vérité cela vous soulagera.
- Je vous dis que non !
- Très bien, emmenez-la.
On la saisit par les deux bras et on l’emmena dans une autre pièce, suivit de près par le Grand Inquisiteur. On la fit asseoir sur une chaise étrange où des sangles la retinrent prisonnières. On plaça l’un de ses pieds dans un étau.
- Qu’allez –vous faire ?
- Je vous laisse une dernière chance, avouez-vous avoir ensorcelé le Chevalier de Rinsevault ?- Non…L’étau commença à serrer de plus en plus fort. Elle se mit à hurler sous la douleur. Brusquement, l’étreinte se desserra.
- Avouez-vous ?
- Non !
La douleur recommença, jusqu’à entendre le craquement sourd d’os qui se brisent, ses cris se firent suppliants. L’étau se desserra.
- Avouez-vous ?
- Oui… dit-elle en pleurant de douleur.
- Vous êtes condamné au Bûcher ! Vous serez brûler lundi prochain sur la place publique.
On la conduisit dans une cellule où un médecin la soigna.

Sa servante vint la voir avec sa fille, sa petite Eloïse qui n’avait que 3 ans. Elle avait soudoyé des gardiens grâce à l’argent que sa Madame avait mit de côté, elle avait tout organiser pour que Madame, sa fille et elle-même puisse partir le soi-même loin de cette ville et de Monsieur le Duc. Elle remercia Lucie profondément.

Une heure plus tard, elle reçu la visite de son époux, repus de sa vengeance, il venait en savourer les fruits. Il l'injuria et lui cracha dessus, avant de la quitter un sourire narquois accrocher à son visage, la Duchesse riant en son fort intérieur du retour de force qui se préparait.

La nuit arriva bientôt. Catherine fut escortée par deux hommes vêtus de noir jusqu'à une "voiture". Le cocher mit en marche le convoit qui s'envola loin de la prison sinistre qu'elle venait de quitter. Lucie la débarbouilla, et Eloïse vint se blotir tendrement contre sa mère.

Lorsque l'aube pointa enfin son nez, on apercevait au loin un immense voilier qui se préparait à lever l'ancre. L'affaire fut vite conlut et Lucie, Catherine et Eloïse furent à bord. Un nouvel avenir se dessinait devant elles. Le bâteau partait pour l'Italie, cela changerait de l'Angleterre...

Un peu plus tard, Catherine voguait loin de son époux, sa fille endormit à ses côtés. Remerciant la Déesse de sa clémence et de sa protection.

Lucie dormait dans un lit non loin du sien d’un doux sommeil. Catherine se sentait bien, en sécurité et libre, sentiments qu’elle n’avait pas ressentit depuis fort longtemps. Une main caressait son ventre, l’enfant de son amour perdu grandissait en elle. Souvenir de celui qui l’avait aimé au point d’en perdre la vie.

Nouvelle écrite ce jour

OUF pour la fin car je m'inquiétais

Bravo!!!!! C'est un peu rapide mais heureusement qu'il y a une belle fin !!!!

J'y penserai Et je vous redirai cela

Voilà, j'ai modifié, dites-moi ce que vous en pensez

Merci

Belle histoire qui dénonce la cruauté avec laquelle étaient traitées les femmes à cette époque et les dérives d'une religion qui soumettait, brimait et sacrifiait les femmes au nom de lois qu'elle édictait elle-même.
Bravo pour ton talent!!

Bravo! très joli, moi aussi je me suis inquiété pour elle à la fin. Celà me rappelle l'histoire d'amour entre Guenièvre et Lancelot.

Tu ecris très bien en tout cas

Merci

super!! surtout le début en fait! le seul ptit défaut c'est que comme le disait lunamoon, c'est un peu trop rapide!..menfin bon c'est quand même très bien!