La musique des anges [Nouvelle]

Il approcha sa bouche et lui vola un tendre baiser…
Doucement, gentiment, il avait prit soin de ne point la brusquer, de peur qu’elle ne le repousse. Il avait donc mit tout son temps, il l’avait d’abord longuement regardé avec passion, et sans un mot, il l’avait embrassé. C’était pour lui, comme si la Terre avait cessé de tourner, ces cinq secondes où ses lèvres avaient frôlé la tendre peau de sa douce lui parurent éternités, et c’était tout ce qui s’était passé. Il n’attendit pas de réponse, et comme un voleur, il s’en allât aussi bien qu’il était venu, furtivement, silencieusement, amoureusement.
La parole avait été comme un affront auquel tout deux s’étaient refusés, c’était comme s’il s’agissait de leur vie. Là, dans ce simple baiser était passé toute leur émotion, comme s’ils n’en avaient jamais eu avant cela, et c’était beau tellement ils l’attendaient.
La belle apporta sa main à sa bouche, les frôla, regardait encore là où son bel amant avait été quelques instants plus tôt et le mémorisait, comme si, comme si c’était la dernière fois, comme s’il allait se passer quelque chose en particulier…
Si elle avait eu à ce moment-là le cœur chaud et léger, c’est avec peine et l’organe lourd qu’elle se retourna et avança dans le sens opposé à son gentil garçon. Ses mains se refermèrent comme pour agripper l’air qu’il avait alors effleuré.
De son côté, c’était un sentiment de malaise qu’il l’avait alors prit, le lien qui relit deux êtres si chers sont plus forts que l’on ne le suspecte… Et tout deux l’avait oublié, ils savaient, mais n’osaient y croire. Quelque chose, ce soir, allait se produire, et si ce n’est pas ce soir, ce sera le lendemain, ou après demain, mais il allait se produire un événement qu’ils ne considéraient pas, du moins, pas encore…

Ce n’est que deux heures plus tard que la scène se mit en décors.
Il n’était pas loin de 20h30, et il fallait qu’il se prépare. Vêtement, clef de voiture, clef de maison, petit mot de passage, et téléphone. Il ne fallait rien oublier. Rien, car ce soir, c’était la grande fête ! Aujourd’hui, pour la première fois, ses parents l’avaient autorisé à sortir en boîte jusqu’à tard. Pas de couvre-feu, il avait droit à cet extrême. Il avait eu 18 ans, et ses parents qui étaient plutôt strict lui avait accordé ce nouveau bénéfice, à condition de l’exploiter avec modération. Il venait d’avoir le permit de conduire, et pouvait donc user de son bien.
Elle…
Elle était une fille assez sérieuse, mais qui savait gérer les fêtes, elle adorait ça, et n’avait jamais eu d’interdiction, ses parents étaient très cools, peut-être un peu trop, c’est pourquoi elle n’avait pas toujours été raisonnable… Une fois, même, elle avait failli arrêter les cours, mais c’était aussi la période où elle l’avait rencontré lui… Lorsqu’ils tombèrent enfin amoureux, et qu’ils se l’avouèrent, elle avait décidé de faire des efforts sous sa pression, aussi elle avait baissé le nombre de soirées, travaillaient plus sérieusement. En résumé, elle avait prit goût aux études tout en continuant à faire la fête.
C’était un garçon plutôt mystérieux, timide, mais très sérieux. En fait, il était surtout très réservé, car une fois la glace brisée, il attire les gens naturellement, alors qu’elle s’efforçait à être toujours « cool », « gentille », au final elle avait un fort caractère, mais assez complexe pour que l’attirance ne soit pas toujours naturelle. Elle était plutôt matérialiste, lui prônait le naturel et se contentait de peu, chose qu’elle n’avait jamais pu faire. Certains disent qu’il s’agit d’un caractère spécial aux filles, mais grands nombres de garçons ont prouvé le contraire.
Elle enfila ses plus beaux habits, et pratiques aussi, danser avec un jean très moulant, ou du cuir n’était pas agréable. Elle se maquilla un peu, mit quelques bijoux, et sortit. Elle devait l’attendre à l’arrêt de bus pas loin de chez elle. Dehors, il faisait froid, il y avait un peu de vent et le ciel était dégagé laissant le soin à la lune d’éclairer un peu la rue où elle se trouvait.

« Merci Dame Lune… », chuchota-t-elle rêveuse.
« Ne penses pas à la lune, il y a ici quelqu’un qui t’attend », rigola son compagnon de la fenêtre de sa voiture.

Le coeur en joie de le revoir, et sûrement soulagé qu'il soit vivant, elle entra dans sa voiture en songeant à cela. C'était étrange d'être soulagée alors qu'il n'y avait pas de quoi s'inquiété. Il prenait sa voiture presque tous les jours, alors pourquoi est-elle heureuse que rien ne lui soit arrivé ? C'était vraiment bizarre... Après tout, ça devait être normal, oui, normal...

La voir là lui offrant ce si doux sourire le remplit de joie. Durant tout le trajet il admirait sa chère et tendre... Il aimait son visage, il aimait son regard, il aimait sa voix... Il l'adorait toute entière, c'était la perle rare, c'était sa perle. Comme un doux cadeau du ciel qui lui était ainsi réservé. Mais quelque chose en lui gênait, quelque chose faisait que ce sentiment particulier était encore plus fort, comme si, comme s'il l'a regardé pour la dernière fois. Allait-il lui arriver malheur ? Il ferait tout pour l’empêcher.

Une fois arrivé, ils se séparèrent un instant pour aller saluer de leur côté leurs amis, puis, ils se rejoignirent tous ensembles et s’amusèrent passionnément. Danse sur danse, chanson sur chanson, ils étaient là sur la piste, parfois à bout, parfois en prise d’un bonheur frénétique et le tout dans une extase ultime.
Enfin, après un petit slow organisé, ils prirent des boissons, une bouteille, puis deux, après tout ça ne fait jamais de mal, et une troisième… La jeune fille n’était pas saoule, mais avait oublié d’arrêter son tendre amant qui, lui, était devenu inconscient, il n’avait jamais supporté beaucoup d’alcool, et cet abus ne lui ressemblait pas. Elle ne comprit pas, que lui cachait-il ? Pourquoi boire autant ? Son cœur se serra…

Des nuages floues, des regards qui le fixaient comme des démons, tous… Tous… Sauf une, sa douce et tendre... Son petit ange adoré… Son dernier amour… Sa chère fleur, son rêve inespéré… Ne sachant plus ce qu’il faisait il lui beuglait des mots qu’il croyait alors amours, il ne se contrôlait plus, et elle ne le contrôlait plus. C’est bien… C’est réciproque au moins…
Il se leva et agrippa sa main fortement… Elle lui disait de la lâcher, il lui faisait mal, mais il ne la laissa pas, ni ne resserra son étreinte. Il l’a fit sortir de la boîte et se dirigea vers sa voiture…

« Arrête, supplia-t-elle aux bords des larmes. Qu’est-ce que tu fais ? »
« Je t’enlève, réussit-il à dire. »
« Tu es saoûle, cria-t-elle espérant qu’il l’entende et revienne à la raison. »
« Bah nan, pas du tout, je me contrôle parfaitement bien »

Et il se retourna, et il l’entoura de ses bras, les larmes lui couvrant la figure.

« J’veux plus t’quitter, tu es ma chère, mon amour, c’est pas qu’j’suis saoule, c’est qu’j’t’aime trop pour t’laisser » Ces quelques mots prononcés éveillèrent en sa douce un sentiment si fort qu’elle lui pardonna tout et l’entoura à son tour de ses bras.

« Tu ne me perdras pas, je te le promet » lui dit-elle. « Allez, rentrons. »
« Et la fête ? »
« La fête est finie. »
« Et les amis ? »
« Ils nous comprendront. »
« D’accord. »

Main dans la main ils s’en allèrent rejoindre doucement leur voiture.
Le garçon marchait doucement, droit, il semblait avoir tenu cette fois-ci malgré ses yeux dans le flou…
Mais ce détail ne lui sauta pas aux yeux, elle pensa simplement qu’il avait lui aussi ressenti la même chose qu’elle. Son doux et tendre amour à elle… Elle lui pardonnait tout…
Ils montèrent silencieux. Mais ce silence était doux et beau, si léger qu’on aurait dit qu’une musique les accompagnée. C’était une musique si légère qu’elle rappelle le chant des anges, si grave aussi que l’on aurait dit la musique de la nuit…

Ils roulèrent d’abord doucement, puis, il accéléra un peu. Elle sursauta, un peu inquiète, et se reprit : il n’est pas saoule, tout ira bien…
Elle avait confiance en lui, s’il était saoul il n’aurait pas prit la voiture, oui c’est sûr… Il l’aimait trop pour cela…

Les lumières jaillissaient. Un instant brève, et pourtant ça lui semblait éternité, à chaque fois que ces feux de démons le croisaient ses yeux le brûlait, sa tête tournait, c’était un enfer… Mais, la présence de sa douce près de lui le rassurait, il sentait à l’abri de tout, oui, de tout ce qui était mauvais et méchants de ces démons qui lui faisaient mal…
Et puis, ils tournèrent et ne croisèrent plus personne pendant un instant. Ses yeux pouvaient se reposer alors, mais, il n’avait pas vu…
Un choc terrible vint les secouer... Tellement, si fort que la voiture qui roulait encore tourna sur elle-même, dérapant… Et puis, elle tomba dans le vide de la chaussée… Il n’y avait plus à cet endroit de barrières… Et ils tombèrent… Tournoyant…
Un dernier cri jaillit de l’obscurité…

Le lendemain, deux officiers parlaient en grimpant la petite montagne. Ils devaient aller vérifier une rumeur… On aurait entendu un éclair foudroyant le soir dernier dans une nuit sans bruit, et parmi cet éclair, il y aurait eu un cri de femme… Un cri de terreur qui aurait terrorisé le plus vil des démons… Ils n’y croyaient pas trop, eux, les histoires de sorcellerie et de superstition n’était jamais leur élément, mais ils avaient acceptés d’aller vérifié.

« Oh, ce serait pas étonnant qu’ils aient confondu avec un autre bruit » affirmait l’un.
« Bah, il y avait peut-être eu un coup de tonnerre et ils l’auraient confondus, je n’étais pas là hier soir… », Continuait le second.
« Moi si, mais j’étais dans la boîte de nuit qui se trouve juste en haut de la montagne. »
« Et quand tu es rentré, tu n’as rien vu ? »
« Non enfin si, il y avait un animal mort, pas un lapin, un animal plus gros, et si je me rappelle bien il avait dû être heurté car les roues étaient bien inscrite dans la chair saignante de la bête. Mais, j’avais pas l’esprit à ça hier soir tu sais que moi et… »
« Oh, mon dieu… »

Devant les quatre yeux horrifiés des deux officiers, une voiture était plantée sur un arbre. Tout le devant était défoncé, presque coupé en deux, quant au reste, la voiture était cabossé de partout, des protes manquaient, les vitres s’étaient brisées, tout montrait que ce véhicule avait fait du chemin pour en arriver là. Sur le devant fondu de la voiture, il y avait du sang et un bout de peau. Mais le pire… Oui, ce qui était encore plus terrible à voir c’était les deux sièges avant… Ou plutôt leurs passagers…

Le choc fut tel qu’ils ne surent que dire… Ni quoi faire… Ils ne bougeaient pas, c’était la première fois qu’ils voyaient de pareilles horreurs…
Quand ils revinrent au village après avoir fait ce qu’ils devaient faire, ils n’osèrent parler de ce qu’ils avaient vu, il ne le fallait pas… A quoi bon décrire ce qui est indescriptible ? De toute façon, ils n’en avaient pas la force. Ils préférèrent rentrer chez eux… Tranquillement, mais ils étaient trop bouleversés pour pouvoir dormir…

Les jours suivants, la nouvelle fut répandue dans tout le village, les deux jeunes avaient été mis à la morgue, et leurs parents accablés par leur perte allèrent leur rendre visite, mais n’osait se parler…
On avait les deux corps côte à côte, car tous savaient l’amour et le lien qui régnait entre ces deux cœurs…

Et puis la musique des anges vint sur les corps… Accompagnée par la musique triste de la mort…
Leur vie avait été courte, trop courte… Ils n’avaient eu le temps de rien que déjà ils replongeaient dans la terre bercé par la voix grave d’un prêtre…
La vie était-elle si injuste ?
Ou l’inconscience ?

Ahh l'amour, par amour, fermer les yeux, c'est réel et bien triste...

Bravo Asuka, je trouve que ta nouvelle est claire et dit ce qu'elle veut dire...

Merci pour ton commentaire Maybel !
Mais j'ai écris ça surtout après une certaine discussion avec des amis : ils me disaient qu'ils savaient supporter l'alcool, et que donc ils pourraient conduire sans problème, mais pour moi, c'est un très gros risque qu'il vaut mieux pas prendre !!!