Tout est si bon, lorsque l’on y prend quelconque plaisir.
Mais quand l’on a rien : que choisir ?
On ne fait rien et l’on se tait, ce silence est parce qu’on a rien à dire puisque l’on a rien.
L’ennui vient bercer le jour, la nuit est sans rêve : fade est la vie.
On va travailler, et l’on revient, le salaire passant dans notre bien être. Mais tout cela, sans être bien puisqu’on a rien pour vivre.
L’on nous dit qu’il faut travailler pour vivre heureux, mais on ne nous apprend pas à ne pas oublier de vivre. Et ça c’est un manque fatal dans la vie d’un être qui n’aura rien, rien devant lui que la monotonie d’un nouveau jour.
Oublier de vivre ?
C’est possible, oui.
Chaque jour semblable au précédent, aucun changement.
Il a trente deux ans, il est encore bien jeune et pourtant il parait si vieux.
Il s’en va dans l’aube, et revient calmement le soir où les étoiles bercent ce long couloir d’infinis. Il est libre mais n’a nul endroit où aller, sans barrière il est emprisonné dans un cercle.
L’hiver est sa saison, puisque tout semble blanc, cela représente son cœur, son sentiment d’uniformité, de rien changé. Et puis la brume aveugle ce qui est déjà vu, cela permet de redécouvrir ce qui est déjà vu et revu sans cesse, mais bref il tente encore de s’accrocher à son semblant de vie.
Puisqu’il ne faut pas mourir, alors autant vivre sans vivre… Puisqu’il n’a nul choix, il doit rester là.
« Salut éternel ennui » s’élança-t-il le matin en se levant.
Et puis c’est tout, il se tait et regarde l’heure. Comme toujours il est 7h30, il se lève, se gratte la tête et va se doucher. Il sort sept minutes plus tard et s’habille, mange et fait ce qu’il doit faire. Il est huit heures moins cinq, et il prend sa voiture, aujourd’hui encore il sera en retard, mais ça fait longtemps que ça n’a plus d’importance.
8h15 – Il arrive effectivement avec dix minutes de retard, on le taquine, mais ça ne le fait plus rire, enfin, il fait semblant. Il se pose, s’installe et attend qu’on lui donne les nouvelles du jour. Lorsque ses collègues discutent, il écoute mais ne participe pas, il n’a rien à dire, rien du tout.
9h30 – Nouvelles commandes, nouveaux problèmes mais déjà connus, il sait déjà quoi faire.
11h00 – Tout est réglé à temps, les clients sont soulagés, on le félicite, il remercie, mais c’est des mots fades qui sortent de sa bouche. Son teint est morne, comme le gris du ciel au dehors.
12h00 – Il rentre chez lui. Encore une fois il mange du réchauffer, il sait cuisiner mais ça fait longtemps qu’il en a perdu le goût. Il est devenu un bof, un de ces gens qui n’a rien à faire et qui semble être inintéressant.
13h30 – de retour au travail, il n’y a rien à faire, et même si on lui donnait du boulot, ce ne serait qu’ennui. Il n’est pas enthousiaste, il ne l’a jamais été.
16h30 – Il peut rentrer chez lui, l’après-midi étant calme, on lui donna congé. Certains l’enviaient, mais lui savait déjà ce qu’il allait faire : rien.
Quand il rentre chez lui, c’est toujours le même parfum. Mais, ça sent toujours bon, pourtant c’est du poison pour lui ; la monotonie est un piège vicieux qui vous prend et vous perdez goût à rien, et vous n’avez envie de rien.
L'odorat, la vue, l'ouïe, le goût, le toucher, cinq sens... Cinq éléments... Mais pourtant rien de bon...
Le lendemain toujours rien...
Passif il se laisse guider dans la rivière où nul tourment ne vient le perturber.
Jeune il pensait avoir tout son temps pour vivre, mais à présent il regrette de n'avoir pas commencé plus tôt, et il se laisse faire, les « j'aurais dû » pour les « je dois ».
Comment pense-t-il vivre ? Lui est-il permis ? Mais n'a-t-il pas oublié qu'il n'avait pas de vie ainsi ?
Il ne sait pas... Il ne sait pas que c'est lui qui décide et il se laisse couler, puisqu'il ne sait pas nager, il se laisse emporter puisqu'il n'a pas de force pour s'aggriper. Et il restera seul, seul face à son vide :
Seul face à l'oubli.