Stille Nacht
Dans la chambre éclairée par la lune, l’enfant ferme les yeux.
La veilleuse est allumée… Sa mère l’a bordé et embrassé…
Mais le sommeil le fuit… Et il sait pourquoi…
La lumière pourtant rassurante de la lampe ne parvient pas à le calmer… Il sait…
L’enfant…a…PEUR !!!
Peur de… Ca…
Ca, personne ne le connaît…
Personne ne comprend l’enfant quand il le décrit…
Personne ne le croit. On dit :
« Ce n’est pas grave… Il grandira et oubliera… Ce n’est qu’une peur d’enfant… »
Et pourtant…
Le sourire des poupées, d’angélique, devient rictus…
Comme par magie, la lampe s’éteint.
Et comme chaque soir, depuis que Ca est là…
Comme chaque soir, Ca murmure…
« Petite fille… Dors-tu ? »
Et l’enfant répond : « Non, Ca, j’essayais… »
Ca rit : « Tu essayais, petite enfant… Aimes tu le noir ? »
L’enfant ne répond pas… Le noir…
« Tu en as peur ? »
Dans un réflexe, elle répond :
« Non !!! J’ai grandi ! »
Le rire de Ca retentit dans l’obscurité oppressante :
« Tu mens, enfant d’homme..
Si tu me mens de nouveau… »
L’enfant frissonna.
« Dis moi, petite fille.. Tu as peur de moi ? »
L’enfant se cache sous la protection des couvertures… Elle savait que si elle appelait sa mère…Cette femme si douce…
Ou son père… Si fort…
Ca s’enfuirait.
Mais… si elle l’affronte.. Il ne reviendra peut-être pas…
« Tu me fais peur, Ca… »
« Alors pourquoi n’as tu pas, comme hier, appelé tes parents avant de me répondre ? »
« Parce que… Parce que…Je veux… »
« Que veux tu ? »
« Je veux que tu me laisse tranquille, Ca… »
« Tu… tu ne m’aime pas ? »
La voix de Ca était presque triste, et l’enfant en fut touchée.
« Ca, je n’aime pas que tu me fasses peur… »
« Je dois faire peur.
Sinon, je ne suis rien.
Tu… veux vraiment que je parte ? »
De nouveau, elle ne répondit rien.
Elle savait, elle sentait que c’était la dernière question…
Elle attendait ce moment depuis si longtemps…
Mais…
Elle ignorait ce qu’elle devait répondre…
« Alors ? »
Toute l’ironie du monde suintait dans ce seul mot, mais l’enfant, trop petite, ne sentit rien venir, et privilégia sa gentillesse naïve au sentiment de peur qui l’envahissait :
« Ca… Je veux bien que tu restes… Mais ne me fais plus peur, je t’en prie… »
« Tu..
as…
MENTI !!!!!! »
Le hurlement de l’enfant retentit dans la nuit noire. Les parents, qui se trouvaient dans la pièce voisine, accoururent dès qu’ils purent. Mais lorsqu’ils poussèrent la porte, la pièce était vide…
Les rideaux en miettes, la fenêtre grande ouverte, la couette du lit déchirée…Et pas d’enfant..
Dans un coin de la chambre, une poupée souriait. Au coin de ses lèvres, une goutte de sang perla. Elle darda une langue fourchue pour l’empêcher de rouler sur sa joue. Son sourire devint mauvais lorsque les parents affolés coururent vers le téléphone…Tsss… Pauvres humains… Demain, elle serait dans la chambre d’un autre enfant… Demain, elle aurait un autre jouet à sa disposition…
Pauvres humains… Vous n’avez rien compris…
Elle s’envola par la fenêtre ouverte.
Ma première petite histoire de "frissons"... ^^
Le titre vient de la chanson :"Stille Nacht", mieux connues chez nous par "Douce Nuit, Sainte Nuit"
Cherchez l'erreur... Je sais, je suis vilaine... ><