Mon prince charmant
Si j’étais une fée, je voudrai qu’il soit beau, grand, fort, les cheveux sombres et le teint halé des gens qui connaissent les cimes des hautes montagnes, et les ergs aux mille dunes.
Si j’étais une fée, je voudrai qu’il ait les yeux pâles, comme ces matins là, où les loups passent parfois pour des chiens, un gris vert, aux mille reflets fauves.
Si j’étais une fée, je voudrai qu’il soit doux, attentif et subtil, maniant les lettres et les mots dans de multiples farandoles, prêt à écouter mes maux.
Si j’étais une fée, je voudrai qu’il ait quelques rides, comme ces grands explorateurs, qui ne quittent le pont de leurs altiers navires, que pour fouler de nouvelles contrées encore inhabitées.
Si j’étais une fée, je voudrais qu’il ait les lèvres douces, toutes irisées de cet air iodé de ma belle Bretagne, et que ses yeux se jouent des mille défauts de ma peau douce.
Si j’étais une fée, je lui donnerai un nom qui sonne bien breton, et je lui offrirai quelques secrets pour qu’il puisse m’emmener sur les terres d’Avalon.
Si j’étais une fée, je lui offrirai mon corps, sur un lit de fougères, les yeux chavirés, perdus dans les hautes cimes des chênes séculaires de sa majesté Brocéliande.
Si j’étais une fée, je lui donnerai le pouvoir des vieux druides, et nous courrons sous la lune, une serpe à la main, pour récolter quelques simples, et une guirlande de gui.
Si j’étais une fée, je lui donnerai la belle clé ouvragée, et nous ouvririons les portes englouties de la belle cité d’Ys, afin de rendre grâce au vieux roi Gradlon.
Si j’étais une fée, je ne serai pas seule, et ce soir je deviserai, avec lui près de l’âtre, attendant, impatiente, qu’il me mène sur un sentier d’étoiles, prenant mon calice charmé, dans ces terres légendaires où naissent les petites fées…
Mille bises
Gaëlle