Père...

PERE


Dans l’indifférence d’une banlieue
Avant-hier mon père a fermé les yeux.

En plein été sans prévenir
de la peine de la mère à venir.
Quels souvenirs et quels oublis
laisse sa force tarie ?

Un coup de téléphone
et la vie est aphone.

Dans l’avion un voisin lit les journaux
Des gens parlent trop haut.
Il y a des nouvelles importantes
et des conversations intéressantes.

Il n’y aura plus d’enfance,
de colère, ni de souffrance.

Sur la mer de nuages, le ciel est éclatant,
bientôt par les hublots un beau soleil couchant.
Aucun trouble, aucun signe,
Seulement un vol de ligne.



Ce rose à l’horizon n’est même pas indécent
Y-aurait-t-il un au-delà permanent ?

La maison n’est plus loin
Endiguer l’émotion.
Affronter le chagrin
Face à cette maman
entrer dans cette jungle
Faire que les sentiments ne soient pas un bastringue.

Emotions contenues, images repoussées,
peut-être faut-il laisser la porte fermée.

Dans le funérarium , c’est un corps qu’on vous sort
Ç’aurait été mon père s’il n’avait pas été mort.
Quel deuil peut-on faire dans ce musée Grévin
Où tout dans le visage s’est définitivement éteint.

Fumer le temps ,faire jongler les tourments,
Protéger les souvenirs, faire venir un sourire.

25 août 2004

C'est superbe et très émouvant...

Bravo Philvinte

bravo, très joli, mon père s'est éteint il a eu 5 ans le 21 mars, et je n'avais pas voulu voir son corps pour ne pas garder cette image de lui...

Merci de votre signe à toutes les 3 !
En fait , Claire de lune, on a souvent dans ces cas-là l'impression que ce n'est pas lui ou elle qu'on connaissait. L'immobilité semble étrange et d'une certaine manière j'avais le sentiment que ça bouclait simplement les choses. Evidemment ce genre de sujet est particulièrement subjectif ...

Citation :

En fait , Claire de lune, on a souvent dans ces cas-là l'impression que ce n'est pas lui ou elle qu'on connaissait. L'immobilité semble étrange et d'une certaine manière j'avais le sentiment que ça bouclait simplement les choses. Evidemment ce genre de sujet est particulièrement subjectif ...

Je pense que j'ai bien fait de ne pas aller voir son corps, j'étais trop jeune (13 ans) et je l'aurais probablement mal vécu... Je sais qu'il faut affronter la réalité en face mais de ce fait et je ne garde pas cette image de lui... Par contre cette reaction m'est propre et ce ne sais même pas si aujourd'hui j'aurais la même et je comprend tout à fait qu'on veuille faire un dernier adieu, le voir une derniere fois...

C'est dur d'affronter la mort d'un proche et de la voir en face, de voir la personne aimée transformée par la mort... Je ne sais pas si je pourrais le faire car l'image que l'on en a après doit être difficile à oublier...

Merci Philvinte d'avoir partager ce poème, il est très beau

Très émouvant mon cher!
J'ai perdu ma mère à l'âge de 9 ans ...décédée d'un cancer du sein..

désolé Je ne sais pas si toutes les douleurs sont semblables. Mais celle de l'enfant est sans doute insondable, moins rationnelle. Je crois essentiel que vive le souvenir, à condition qu'on le domine. Excuse-moi de ce sérieux