certaines d'entre vous ont peut-être déjà vu ce post (hein, Isalia?
) mais bon j'ai pensé qu'il pourrait peut-être intéresser celles qui ne l'ont pas vu...
Les dragons sont de hautes entités mystiques et représentent une branche importante de la magie. Mais ce sont aussi d’importants symboles, qui ont toujours piqué la curiosité et inspiré crainte et respect à l’homme.
Le dragon est un symbole universel, et ce dans les deux sens. En effet, non seulement on le retrouve dans des systèmes symboliques du monde entier, du continent américain à l’Europe chrétienne en passant par l’Extrême-Orient et l’Océanie, mais il fait aussi l’objet de nombreuses interprétations : il représente aussi bien les forces cosmiques que les forces naturelles, la fertilité, la lumière et le bien que les ténèbres et le mal, le psychisme humain que la matière universelle.
Il est le représentant idéal de l’univers dans sa diversité, son immensité et sa puissance créatrice et destructrice.
Voici la définition du
Petit Larousse (1994) :
«
Dragon – n. m. (lat.
draco).
1. Animal fabuleux, généralement représenté avec des griffes de lion, des ailes et une queue de serpent.
2. Fig. Gardien vigilant et farouche. – Dragon de vertu : personne d’une vertu austère.
3. Personne autoritaire ou acariâtre.
4. Hist. Soldat d’un corps de cavalerie créée au 16e s. pour combattre à pied ou à cheval. (La tradition des dragons a été reprise par certains régiments blindés.) »
On voit bien à travers ces définitions un aperçu de la diversité d’interprétations du dragon.
1) Un représentant des puissances naturelles Le dragon, pour les Anciens, symbolisait la combinaison des quatre éléments constitutifs de l’univers et surtout de la nature terrestre : il provient des profondeurs de la terre, nage sous l’eau (et demeure sous l’un ou l’autre), il vole comme un oiseau et crache du feu.
En Extrême-Orient, c’est lui qui est à l’origine de tous les phénomènes naturels, bénéfiques ou dévastateurs. Par exemple, le dragon Tatsu au Japon est la personnification de l’esprit turbulent de la nature. De sa lutte éternelle contre le tigre, symbole de la nature physique, résultent les tremblements de terre et les orages. En Chine, Mang, le dragon terrestre, possède quatre griffes, représentant les quatre éléments. Il incarne le pouvoir temporel. Encore selon la tradition chinoise, ce sont les dragons qui déterminent le contour du paysage, et c’est en fonction de leurs créations et de leur énergie qu’on implante les bâtiments.
Coatlicue, la déesse Aztèque de la terre, avait deux têtes de dragon représentant les deux aspects bienveillant et maléfique de la nature. Vêtue d’une jupe de crotales (serpents très venimeux et vénérés dans de nombreuses tribus amérindiennes), portant un collier de mains et de cœurs auquel est suspendu un crâne, elle est l’allégorie de la supériorité de la nature sur l’humanité.
Dans la Grèce antique, le dragon Python représentait les puissances telluriques du monde, dont le centre était Delphes. Lorsque Apollon tua le monstre, il fixa son énergie à Delphes à jamais, où elle inspira des oracles à la prêtresse du lieu, la Pythie.
Dans la mythologie indienne, Indra, roi des Cieux, tue Vitra, dragon des Eaux, pour libérer la pluie.
2) Un représentant des forces cosmiques Le dragon est aussi le symbole de l’ordre et du désordre cosmiques. Il personnifie les forces élémentaires de l’univers, l’énergie primordiale de la matière, antérieure à tout ce qui existe, même à la séparation du bien et du mal. Il représente autant les forces créatrices que destructrices de l’univers, étant lui-même protecteur et destructeur, ni bon ni mauvais. Partout il inspire respect, terrorise, fascine. Il symbolise aussi bien la matière que l’énergie, et dans beaucoup de peuple, l’arc-en-ciel est en fait un dragon (ou un serpent géant) qui encercle la terre et sépare le monde matériel ordonné du chaos invisible de l’au-delà.
Dans les traditions extrême-orientales, il représente les aspects positifs de cette énergie créatrice et régénératrice. Il est l’union de l’esprit et de la matière (l’air et la terre), la force bienfaisante qui anime la terre à travers les « voies du dragon », artères symboliques par où circule l’énergie terrestre. C’est d’ailleurs le long de ces lignes qu’étaient enterrés les membres de la famille impériale chinoise. En effet, Long, le dragon à cinq griffes, était l’emblème du pouvoir impérial, la cinquième griffe symbolisant le cinquième élément, l’éther, la force spirituelle, dont les empereurs étaient dotés.
Dans la mythologie hindouiste, Vasuki, le dragon géant à plusieurs têtes, est enroulé par les dieux et les démons autour du mont Mandara, et agite l’océan, crée le Soleil et la Lune. On voit bien encore ici combien l’énergie du dragon représente une puissante force créatrice.
Dans la cosmogonie nordique, le domaine du féroce dragon-monde était une mer agitée qui entourait la terre. C’est le dieu Thor qui en vint à bout après de nombreuses et vaines tentatives.
3) Un symbole de l’élévation spirituelle, de la fertilité et du bien Dans les mythologies d’Extrême-Orient, notamment en Chine et au Japon, le dragon représente comme nous l’avons vu le pouvoir spirituel suprême. Long, le dragon impérial à cinq griffes, tient souvent entre ses griffes une perle, la « perle qui accède à tous les désirs », qui représente la sagesse et l’illumination spirituelle. Les dragons en général sont dans ces traditions des symboles du pouvoir céleste et terrestre, de la sagesse et de la force. Il apporte aussi prospérité et chance, protection contre les mauvais esprits, et selon la tradition chinoise, la pluie bienfaisante. C’est pourquoi lors des défilés du nouvel An chinois, il est toujours représenté, afin de repousser les mauvais esprits durant toute la nouvelle année. Il est d’ailleurs le plus vieil emblème de la tradition orientale et le motif le plus souvent représenté dans l’art asiatique. Il y symbolise donc également la connaissance et l’esprit créatif.
Grâce à leurs rapports privilégiés avec l’Eau et la Terre, ils sont très liés à la fécondité du sol. Comme nous l’avons déjà dit, en Chine il apporte la pluie bienfaisante. Chaque année, en Egypte, le dragon impérial représentant le dieu Osiris, faisait déborder le Nil et approvisionnait ainsi les champs desséchés en eau et surtout en précieux limon. Chez les Aborigènes d’Australie, l’arc-en-ciel est la manifestation du grand serpent-dragon, qui annonce la saison des pluies. D’après leurs mythes, c’est cette créature qui déclencha une immense inondation qui balaya l’ancien monde pour laisser place aux paysages actuels et à l’homme. On retrouve également souvent le dragon dans les légendes celtiques : d’après la légende, la terre et les femmes devirent stériles à cause des rugissements très forts de deux dragons qui s’affrontaient. La fécondité ne revint que lorsque Llud, roi de l’île de Grande-Bretagne, les enivra d’hydromel et les tua. On trouve encore de nombreux exemples de ce rapport à la fécondité dans diverses traditions du monde, aussi bien antiques qu’actuelles.
Avant l’arrivée du christianisme, l’occident prêtait des qualités positives au dragon. Pour les Grecs et les Romains, ils possédaient la faculté de comprendre les secrets de la terre et de les transmettre aux humains.
4) Un représentant du mal, de la destruction et des ténèbres Si l’Occident préchrétien lui attribuait des qualités bienfaisantes, la tradition chrétienne en fit l’incarnation de Satan, symbole de la tentation et du chaos, de la force obscure et destructrice du mal. Le christianisme hérita cette conception des écritures hébraïques, dans lesquelles il était assimilé à la mort et au mal. Ces traditions ont fait du dragon l’image du péché et du paganisme, condamné à l’époque. Le dragon (ou serpent selon sa description) à sept têtes représente bien les sept péchés capitaux, même s’il renvoie aussi au nombre mystique de l’univers, et donc représente une force créatrice et positive. Leur habitat, souvent sous terre ou au fond des mers, aide également à cette association aux ténèbres et aux forces maléfiques.
Dans la tradition chrétienne, la légende de Saint Georges contre le dragon, dans l’Apocalypse, illustre bien cette lutte triomphante de la foi contre la tentation, du bien contre le mal. Dans l’Apocalypse aussi, on voit l’archange Michel, capitaine des armées célestes, combattre et tuer le dragon. Dans la mythologie égyptienne, Apopis, le dragon seigneur des ténèbres et du chaos, était vaincu chaque matin par Râ, le dieu du Soleil, avec l’aide de Seth.
Dans le Proche-Orient de l’Antiquité, chez les Sumériens, il symbolisait également le mal et la destruction. Dans l’œuvre épique de la littérature mésopotamienne Enuma Elisha (environ 2000 avant JC), la déesse Tiamat, incarnation des océans sous forme de dragon, mais aussi des forces obscures primordiales, commandait les hordes du chaos et attaqua les déités de l’ordre. De son anéantissement par le dieu Marduk apparut l’univers ordonné.
On retrouve également le dragon maléfique dans l’Islam : Iblis (Satan) peut prendre la forme d’un serpent ou d’un dragon. On voit également le prophète Mahomet pacifier un dragon géant qui hantait le site d’un nouveau temple.
Dans les légendes populaires des tribus païennes de l’Europe du Nord, il est tantôt terrifiant, tantôt bienfaisant. Dans un conte gallois, Llud et Lewelys, deux dragons, un rouge et un blanc, sont la cause de l’une des trois calamités qui ravagent l’île britannique.
Enfin, dans certaines légendes amérindiennes, même s’il est, chez ces peuples, le plus souvent associé, avec le serpent, à l’eau bienfaitrice et créatrice, des dragons marins à cornes sont responsables des noyades.
5) Un gardien universel Depuis l’Antiquité, les dragons ont joué de nombreux rôles de gardiens, notamment de trésors somptueux : le monstre nordique Fafnir gardait l’or du Rhin, tandis que chez les Grecs, le dragon Ladon veillait sur les pommes d’or du jardin des Hespérides. Le dragon Long des Chinois tient souvent entre ses griffes une perle ardente qui pourrait représenter la Lune, mais qui est tout de même un objet incontestablement précieux.
Mais ils ne gardaient pas seulement des trésors dorés et scintillants. Au Moyen-Âge, ils étaient les geôliers de jeunes vierges captives en l’attente d’un prince qui viendrait les délivrer. Dans la mythologie grecque, on enchaîna Andromède, fille du roi Céphée, à un rocher au large de Joppa afin d’apaiser les colères d’un dragon marin qui ravageait le royaume. C’est Persée, monté sur Pégase, qui tua le dragon, la délivra et l’épousa.
Ils sont aussi des gardiens d’ordre plus spirituel. Le dragon bleu céleste chinois garde les demeures des dieux. Dans l’art chrétien, on voit souvent une tête géante de dragon garder l’entrée de l’enfer. Les mâchoires du monstre sont alors un passage obligé pour les âmes des damnés en route vers le châtiment éternel.
Enfin, ils font souvent office de gardiens pour les humains eux-mêmes, notamment dans les traditions du nord de l’Europe. Ils étaient plus particulièrement les gardiens des rois. Dans la légende galloise, le guerrier Uther rêva une nuit d’un féroce dragon rouge. Il prit alors le nom de Pendragon (« chef dragon »). Son fils Arthur hérita de ce symbole, qui devint l’emblème du Pays de Galles : il figura jusqu’au 16e siècle sur les armoiries traditionnellement portées par le prince de Galles. Les guerriers celtes qui envahirent l’île britannique avaient pour emlème le dragon, symbole de souveraineté. Il figurait également sur les boucliers teutoniques lorsque ces tribus envahirent à leur tour l’Angleterre, et resta longtemps sur les pavillons de guerre des rois anglais. L’animal figurait fréquemment sur les étendards guerriers romains. Enfin, les Scandinaves ornaient la proue de leurs drakkars (mot d’ailleurs dérivé du mot « dragon ») de sculptures le représentant.
6) Un symbole psychique Parfois, le dragon représente également le monde intérieur et l’inconscient, les profondeurs du psychisme humain et ses instincts bestiaux et primitifs. De par ses attributs bénéfiques et maléfiques, il peut incarner la dualité de l’esprit, le combat permanent entre le conscient (la raison) et l’inconscient (les instincts). Dans les rêves, il peut représenter les peurs les plus archaïques, anciennes, originelles, refoulées et inconscientes, dont la peur de la mort est le meilleur exemple. Si le dragon a le dessus lors d’une lutte onirique contre soi-même, c’est que l’on se laisse dépasser par sa violence intérieure, donc par ses instincts animaux et archaïques.
Le très célèbre mythe du héros qui délivre la jeune fille enfermée en haut d’une tour gardée par un dragon est souvent interprété comme une métaphore de la maturation sexuelle de l’homme. En libérant la jeune fille (son anima, aspect féminin de la psyché masculine) de la tour (phallique, qui représente la sexualité masculine et la virilité) du dragon (considéré comme l’emprise régressive de sa mère), le héros peut alors accéder à une relation épanouie avec les femmes.